Blog

La résilience vue par les forces spéciales : quatre leçons de Fly

Quelle est la recette ultime pour développer sa résilience ? Comment réduire les niveaux de stress, stimuler la motivation intrinsèque et extrinsèque, ou encore favoriser l'esprit d'équipe ? Rob Vliegen, sergent-major célèbre au sein des Forces Spéciales (FS) belges et mieux connu sous le nom de Fly, nous partage ses apprentissages emmagasinés au fil des ans sur le sujet. voici 4 points clés de notre conversation avec lui.

 

Quelques passages clés de l’interview

 

#1 La résilience commence par soi-même

Il n’existe pas de pilule magique pour réussir dans la vie, selon Fly. Il ne croit pas vraiment au talent pur et estime plutôt que le travail acharné l’emporte toujours. La résilience est par conséquent primordiale, car elle est clairement liée à la capacité d’adaptation et à la discipline.

« Selon moi, la résilience est en grande partie une capacité d’adaptation. Je suis un grand admirateur du philosophe américain Thomas Higginson : le vainqueur est celui qui s’adapte le mieux. Vous devez pouvoir faire face aux nouvelles situations et aux circonstances imprévues. À long terme, chaque individu y sera confronté. Et cela demande de la résilience. »

« La résilience est inextricablement liée à la discipline », nous raconte Fly. « Après un certain temps, la motivation s’estompe et est remplacée par la discipline. Ce n’est pas inné. Il s’agit d’un processus d’évolution très lent. Vous devez être ordonné et structuré dans des tâches moins agréables, organiser les choses que vous préféreriez reporter et consentir cet effort supplémentaire qui vous permettra de sortir du lot. »

Fly illustre la différence exacte entre motivation et discipline par un bel exemple : « La motivation, c’est suivre un régime draconien et aller à la salle de sport pendant trois semaines avant les vacances d’été. La discipline, c’est ne mettre qu’un sucre dans votre café à la place de quatre. Ces sucres peuvent tout changer. Être discipliné ne signifie pas faire des efforts surhumains, mais plutôt faire constamment des petits pas dans la bonne direction. Avec la discipline, vous devenez vraiment la meilleure version de vous-même. »

 

Être discipliné ne signifie pas faire des efforts surhumains, mais plutôt faire constamment des petits pas dans la bonne direction.

 

#2 Le stress n’est pas nécessairement mauvais, seul le stress qui ne disparaît jamais est négatif

Pour Fly, le stress est une notion très personnelle. Les hormones de stress sont ressenties différemment par chacun d’entre nous, déclenchent des réactions différentes et ont des conséquences différentes.

Pour mieux comprendre la notion de stress, les FS analysent comment le stress se déclenche dans notre cerveau. « Le stress se produit en réaction à tout ce que notre corps et notre esprit ressentent comme désagréable. J’insiste sur le fait qu’il s’agit d’un ressenti car le stress apparaît dans notre système limbique, où se situe l’amygdale dont la fonction est d’identifier les menaces et d’y apporter une réponse fonctionnelle. Cette réaction provoque la libération d’adrénaline, de noradrénaline et de cortisol. À terme, cette dernière hormone est néfaste pour notre santé mentale et physique. »

« Le stress est une réaction très saine, naturelle et déterminée par l’évolution face à une menace. Ce sont ces hormones qui permettent notre survie. Malheureusement, lorsqu’elles sont libérées à un niveau trop élevé, elles perturbent le fonctionnement de notre organisme. »

Mais comment faire face à une telle situation ? Chacun d’entre nous possède-t-il ses propres mécanismes d’adaptation ? Fly nous donne quelques conseils à ce sujet : « Chacun réagit différemment. Une part de nos réactions est déterminée génétiquement. À l’âge adulte, cette part devient immuable. Une autre part est comportementale. Nos parents et la culture dans laquelle nous avons grandi ont donc un grand impact sur cette part. Nos expériences constituent également des enseignements qui nous aident pour le futur. En dernier lieu intervient aussi l’habituation. »

Fly explique ensuite que les hormones de stress n’ont rien de préoccupant. Elles ne le deviennent que lorsqu’elles ne sont plus régulées, car il est alors impossible pour l’organisme de maintenir son équilibre (ce qu'on appelle l'homéostasie). Il existe deux manières d’y remédier. D’une part, l’activité physique et une bonne santé vous permettront d’éviter le stress. Privilégiez par exemple une balade à une séance de grignotage dans le canapé. Quant au stress aigu, il vous aide en provoquant un changement d’attitude face à un facteur de stress. 

 

 

#3 Le « pourquoi » est extrêmement important dans une organisation 

Tant les collaborateurs que les dirigeants doivent viser plus haut. Il faut pour cela pouvoir répondre à la question « Pourquoi faisons-nous ce que nous faisons ? ». Cette approche présente énormément d’avantages selon Fly : « Lorsque toutes les parties savent pourquoi elles font quelque chose, elles vont très loin pour atteindre l’objectif. Cela peut créer un véritable feu d’artifice. Les collaborateurs d’une entreprise doivent savoir pourquoi ils font ce qu’ils font et se sentir utiles et nécessaires à cet égard. Vous verrez alors qu’un individu ira travailler avec plaisir. Il fera des sacrifices qu'il ne faisait pas auparavant : heures supplémentaires, soutien réciproque entre collègues ou efforts accrus. »

 

Lorsque toutes les parties savent pourquoi elles font quelque chose, elles vont très loin pour atteindre l’objectif. Cela peut créer un véritable feu d’artifice ! 

Ce « pourquoi » est tout aussi essentiel pour les dirigeants. L’absence de réponse à cette question est souvent une grande source de stress. Au sein des FS, les opérateurs demandent constamment à leurs dirigeants pourquoi ils entreprennent une quelconque action. Il est donc d’une importance vitale de déployer des efforts tant au niveau de l'organisation qu'au niveau individuel.

 

#4 Les principes de base d’un bon dirigeant

Pour Fly, il n’est pas nécessaire d’être un leader né pour devenir un bon dirigeant. « Il est parfaitement possible d’apprendre à diriger un groupe grâce à certaines techniques et actions. Le leadership repose sur deux principes : la force et l’empathie. La force implique d’oser prendre des décisions, même si certaines se révèlent parfois mauvaises. L’empathie, c’est être à l’écoute et soucieux de votre équipe. »

Fly donne un dernier conseil aux dirigeants et managers en entreprise : « Votre porte doit toujours être ouverte pour vos collaborateurs. Montrez et faites savoir que vous êtes accessible. Et encore une fois, ne sous-estimez pas l’importance des “pourquoi” et d’une communication claire et transparente. »

Ce que nous retenons de cet entretien ? Chacun d'entre nous détient la clé de sa résilience, de la gestion de son stress et de son leadership. Il ne s’agit en aucun cas de qualités innées, mais d’un ensemble de processus d’observation, d’anticipation et, au besoin, d’adaptation. C’est donc un effort assez intensif, mais dont nous retirons aussi des résultats à long terme. 

L’interview complète est disponible pour les organisations qui disposent d’un accès à notre plateforme digitale sur My Health Partner